Textes

Elias - 27

Perché dans les branches d’un chêne accroché au rocher, à deux pas du vide, Elias recevait avec reconnaissance la chaleur du soleil couchant. Sous ses pieds s’étalait les marécages de l’Hongrin, vestiges d’un ancien lac avant la chute du barrage. D’après les gens qui l’avaient accueilli à Arnon, un tiers des barrages avait rompu avant la dernière guerre à cause du manque d’entretien et de leur matériau. Ensuite, avec la fin des glaciers permanents, les niveaux d’eau avaient baissé et les ruptures s’étaient faites rares.

Elias - 26

Le soleil était haut dans le ciel et chauffait la terrasse de l’auberge. Son reflet sur le mur blanc et l’abri du vent que le bâtiment offrait donnaient l’impression aux cinq coursières d’être déjà en été. Les tables étaient vides aux alentours, les bancs abandonnés et les parasols pliés. Avec l’air encore frais, les gens du coin préféraient manger à l’intérieur. Pour les coursières, le temps passé à se confronter aux éléments et à la météo capricieuse de la région leur avait apporté une certaine tolérance et sérénité face aux variations de température et d’humidité.

Elias - 25

- Aah !

Elias - 24

L’entrée se dressait devant elle. Les murs gigantesques à la teinte brune prétendaient vainement faire passer le béton armé pour de la terre, pour une matière douce et chaleureuse qui permettrait l’accueil des marchands et visiteurs, sous une démonstration de force de la ville. Rien à voir avec les palettes, les troncs et les grilles entremêlées qui protégeaient l’entrée de la zad. Ici, l’enceinte attestait encore des derniers conflits qui avaient touché la région et d’un besoin de se protéger de groupes armés particulièrement agressifs.

Elias - 23

Elias sentit une douleur dans ses poignets. Les vibrations de la route caillouteuse lui remontaient le long du bras et il sentait des fourmis dans le bout de ses doigts. Il avait passé le coude de la rivière mais n’était pas encore à la jonction avec le ruisseau qu’il devrait suivre ; il se refusa une pause. Lorsque les cailloux étaient moins fréquents et que la piste ne présentait que peu d’ornières, il lâchait une main après l’autre pour la secouer vivement et calmer la démangeaison.

Elias - 22

La pluie n’avait pas cessé pendant la nuit, mais son rythme et son intensité s’étaient apaisées. Des gouttes fines perlaient des arbres pour s’écraser devant leur grotte. La flaque qui s’était créée ruisselait désormais vers l’intérieur et le filet d’eau passait à quelques centimètres de leur tête pour aller se perdre au fond de la grotte. La chance leur avait évité un bain désagréable.

Elias - 21

Elias tentait sans succès d’allumer un feu pour sécher ses vêtements. Contre un coin de la grotte, à deux pas des vélos, il espérait que les morceaux d’écorce sortis de son sac suffisent à faire prendre le bois humide. Dehors l’air était toujours électrique et l’orage tonnait méchamment. La pluie battante qui les avait surprises ne donnait aucun signe d’apaisement.

Elias - 20

La cloche résonna dans les étages.

- Nouvelles du monde !

En quelques instants, le calme apparent disparut sous les bruits de porte et de pas. Des dizaines de semelles claquaient sur les marches en direction de la grande salle commune. Au centre de la cage d’escalier descendit une plateforme activée par des poids et la force de deux personnes qui étaient déjà au rez-de-chaussée. Coralie, qui croyait avoir déjà croisé tous les occupants de cet immeuble ou presque, resta bouche bée devant ce rassemblement soudain de nouvelles têtes sortant de toute part.

Elias - 19

- Jax ! Amène lo boug au salon du bas, Emma et moi on monte avec lo blesséx !

- Pourquoi en bas, ol peut bien rester ici nan ?

- Page tu t’occupes de cellui qui saigne ? Nan pas lo blesséx, l’autre !

- Salut, ça te dit de venir avec moi ? Faut que je te montre un truc.

- Mais Jen, pourquoi en bas ?!

- C’est plus calme, Jax ! Et ol peut pas venir dans les étages du haut, on l’a dit en réu !

- Allez, viens, tu verras tes acolytes plus tard.

- Emma tu m’aides ? Faut qu’on lo carry à la bulle.

Elias - 18

Elias sentit son estomac se nouer et une angoisse remonta de son ventre pour se coincer dans sa gorge. Son genou qui ne lui faisait presque plus mal se réveilla à cet instant comme pour lui rappeler sa course effrénée sur le plateau craquelé. Il s’attendait à tout moment à voir celle-ci se lever et lui sauter à la gorge, mais son corps refusa de bouger. Elle était blessée. Du sang coulait de son oreille et de sa bouche, elle se tenait la cuisse. Elle avait la même couleur de peau violacée que celle qui avait coursé Elias, les mêmes os saillants sous la peau.

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